Maria Lassnig, Frühstück mit Ohr (Breakfast with Ear), 1967, huile sur toile, 130 x 194.8
© Maria Lassnig Foundation. Courtesy Maria Lassnig Foundation.

Archives Hans Ulrich Obrist
Chapitre 5 : Maria Lassnig
« Vivre avec l’art empêche de se faner ! »

La Tour
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LUMA Arles a le plaisir de présenter le cinquième chapitre des Archives Hans Ulrich Obrist, première exposition majeure en France depuis plus de vingt-cinq ans consacrée à Maria Lassnig (1919-2014). 

Née en 1919 dans le sud rural de l’Autriche, Lassnig mena une carrière de soixante-dix ans dans les domaines de la peinture, du dessin et du film d’animation. S’appuyant sur la relation profonde qui unissait Lassnig et le commissaire Hans Ulrich Obrist, cette présentation souhaite raviver l’attention portée par le public français à l’œuvre novatrice de l’artiste, laquelle a façonné l’histoire de l’art moderne et contemporain par le concept de conscience du corps (Körpergefühl) et son engagement féministe. Sa dernière exposition personnelle en France eut lieu en 1999 à Nantes, au Musée des Beaux-Arts de Nantes et au Fonds Régional d’Art Contemporain des Pays de la Loire.

Dans les premières réalisations de Lassnig, les influences expressionnistes et surréalistes prédominent, suivies par celles de l’Art informel et de la Nouvelle Figuration. Ces mouvements ont nourri la démarche de Lassnig, fondée sur la représentation des sensations internes du corps plutôt que par l’apparence extérieure. Les couleurs y vibrent, et les figures jaillissent d’une compréhension du « micro-monde des millions de neurones », inatteignable par tout dispositif photographique. Considérée comme l’une des plus grandes peintres autrichiennes depuis Egon Schiele et Oskar Kokoschka, Lassnig fit l’objet de plus d’une centaine d’ouvrages. Elle a également inspiré le film biographique Sleeping with a Tiger, présenté en avant-première à la Berlinale en 2024, ainsi que la pièce de théâtre Alte Meisterin. Lassnig/Beresin/Bitzan, 2024. Figure de proue de l’art d’après-guerre, elle demeure un jalon essentiel de l’évolution de la peinture européenne.

Hans Ulrich Obrist découvrit l’œuvre de Lassnig durant son enfance, en se procurant une carte postale reproduisant l’une de ses toiles, soigneusement rangée par la suite dans son « musée-boîte à chaussures » artisanal. En 1986, à dix-sept ans, il prit un train de nuit pour l’Autriche, où il fit la connaissance de Lassnig dans son atelier de la Maxingstrasse à Vienne. À cette époque, l’artiste enseignait la peinture et le film d’animation à l’Université des arts appliqués. Lassnig initia Obrist à l’œuvre de la poétesse autrichienne Friederike Mayröcker, l’incitant à approfondir sa lecture. Plus tard, elle facilita la rencontre entre Obrist et Mayröcker, qui devint une proche jusqu’à son décès en 2021.

De 1993 à 2014, Lassnig et Obrist échangèrent régulièrement des lettres et se retrouvaient fréquemment dans l’atelier viennois de l’artiste. En 1993, lorsque Kasper König invita Obrist à codiriger l’exposition The Broken Mirror dans le cadre du Wiener Festwochen (Festival de Vienne), les peintures de Lassnig ainsi que le film The Ballad of Maria Lassnig, 1992, projeté à l’ouverture, formèrent un pilier majeur de cette rétrospective consacrée à la peinture.

En 2000, Obrist aida Lassnig à publier ses journaux intimes de 1940 à 1997, révélant l’ampleur de ses doutes artistiques et l’évolution de sa pratique singulière axée sur la conscience du corps. Bien que Lassnig fût généralement réservée quant aux entretiens officiels, elle l’autorisa en 1999 à la filmer, inaugurant une série de conversations enregistrées jusqu’en 2012. Par la suite, en 2005, il collabora avec Daniel Birnbaum et Akiko Miyake afin de sélectionner Lassnig pour le projet Safety Curtain de museum in progress à l’Opéra d’État de Vienne, reproduisant sa peinture à l’huile Frühstück mit Ohr, 1967.

Lorsque Obrist a rejoint les équipes de la Serpentine en 2008, il organisa avec Julia Peyton-Jones une exposition d’envergure à la Serpentine Gallery, grâce au soutien de Maja Hoffmann. Une décennie plus tard, en 2017, après l’avoir conçue avec Maria Lassnig, Obrist finalisa à Athènes une exposition posthume centrée sur la passion de l’artiste pour la mythologie grecque et guidée par un titre poétique emprunté à Friederike Mayröcker : The Future Is Invented with Fragments from the Past (Le futur est inventé avec des fragments du passé). Après sa disparition, Obrist demeura proche de la Maria Lassnig Foundation, siégeant brièvement à son conseil consultatif (depuis 2016) et participant au jury du Maria Lassnig Prize, créé à l’initiative de l’artiste avant son décès pour encourager des artistes peu connu·es du public.

Réunies pour la première fois en un même lieu, l’exposition à LUMA Arles présente les entretiens vidéo entre Lassnig et Obrist, ainsi que leur vaste correspondance classée par ordre chronologique. Parmi les œuvres exposées figurent des peintures issues des expositions The Broken Mirror et de la Serpentine Gallery, du projet pour l’Opéra d’État de Vienne, et des peintures et aquarelles présentées à Athènes. Parallèlement au film biographique The Ballad of Maria Lassnig, le film Selfportrait, 1971, illustre l’exploration pionnière de Lassnig dans le domaine de l’animation au sein de la scène féministe new-yorkaise des années 1970. À noter que deux toiles de Lassnig furent présentées pour la dernière fois en France lors de l’exposition Action, Gesture, Paint : Women Artists and Global Abstraction 1940-1970, en 2023, à la Fondation Vincent van Gogh à Arles, un hommage à l’admiration qu’elle portait à van Gogh, qu’elle qualifia de « dieu expressionniste » lors d’un entretien de 2008 avec Obrist. En écho à la formule « Vivre avec l’art empêche de se faner ! » qu’elle rédigea pour Hans Ulrich Obrist dans sa dernière lettre inachevée, datée du 11 janvier 2014, cette présentation met à l’honneur l’héritage vif d’une peintre dont les visions intérieures continuent de résonner dans les corps et les esprits.
 

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Maria Lassnig, 2002
Photo : © Bettina Flitner

Maria Lassnig


Maria Lassnig (1919, Kappel am Krappfeld - 2014, Vienne) a créé une œuvre importante dans les domaines de la peinture et du graphisme. La notion clef qui la caractérise réside dans le concept de body awareness (conscience du corps) : en découvrant de manière introspective la véritable nature de sa condition, elle exprime des sensations physiques par le biais de médiums artistiques. De nombreux autoportraits témoignent de cette forme d’auto-analyse.

Après des études à l’Académie de Vienne, Lassnig explore le surréalisme puis l’art informel, qu’elle présente en Autriche en 1951 après un voyage à Paris. Lors de son séjour en France (1960-1968), confrontée à la nouvelle figuration et au pop art, elle affine son propre langage visuel. À New York (1916-1980), elle s’intéresse au cinéma (d’animation) et au mouvement féministe.

En 1980, Lassnig est nommée professeure à l’université des arts appliqués de Vienne et représente l’Autriche à la Biennale de Venise. Elle montre ses œuvres à la documenta en 1982 et 1997. À partir des années 1990, Lassnig expose davantage dans le monde entier et reçoit des prix importants, dont le Lion d’or pour l’ensemble de sa carrière lors de la Biennale de Venise de 2013.

Lassnig est considérée comme une pionnière de l’émancipation féminine dans un monde de l’art dominé par les hommes. Son travail visionnaire a eu une grande influence sur les générations suivantes d’artistes.

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