Nominée pour le "Artes Mundi Prize 2018" et le Guggenheim's "Hugo Boss Prize 2018", elle a reçu plusieurs prix et distinctions, dont : "Radcliffe Institute Fellowship", Harvard University (2017-2018): "Ibsen Awards", Ibsen National Theater, Norway, 2017; "Abraaj Group Art Prize", (2014)"; "Prix Sam pour l'Art Contemporain", 2014, Sam Art Projects, Paris; "DAAD Artists-in-Berlin Program" (2012); "Vera List Center for Arts and Politics Fellowship' (The New School, New York, 2011-2013); "Villa Médicis Hors-les Murs" (2010); 'Videobrasil Residency Award" (2009); "Image-Mouvement" (CNAP, Paris, 2008); "Prix Louis Lumière" (Bureau du Film Documentaire, Ministère des Affaires Etrangères, France, 2005).
Bouchra Khalili :
The Circle & The Tempest Society
La Tour
Underground, Niveau - 3
Du
au
La pratique transdisciplinaire de Bouchra Khalili réunit film, vidéo, installation, photographie, œuvres sur papier et projets éditoriaux.
Son œuvre propose une imagination civique novatrice qui invite à penser de nouvelles formes d’appartenance, libérées de la conception restrictive de l’identité imposée par les structures politiques normatives telles que l’État-nation.
Le film et la vidéo jouent un rôle central dans ses réflexions. Connues pour leurs constructions narratives complexes à plusieurs niveaux, les œuvres filmiques de Khalili s’inspirent de moments historiques d’émancipation collective réprimés ou occultés, qui englobent différentes narrations, géographies et générations. Ni documentaires ni fictions, ses hypothèses filmiques, nées de recherches approfondies, mêlent transmission orale, invocations poétiques, performances et inventions formelles.
La pratique du montage de Khalili est un outil clef de ses techniques de narration. Dans ses œuvres en film, les interprètes non professionnels sont à la fois les conteurs et les monteurs d’un film dans un film. Ils se font « passeurs » de constellations textuelles et visuelles d’histoires non archivées d’émancipation collective, occultées par les récits officiels. En alliant fragments d’histoires orales, témoignages, textes, photographies et images en mouvement, ils activent le passé en révélant ses liens avec le présent. Invoquant poétiquement les fantômes des promesses non tenues et les échecs de la politique contemporaine, les œuvres en film de Khalili invitent ses spectateur·rices à devenir les témoins de notre histoire commune et à contempler ensemble notre potentiel futur.
L’exposition rassemble deux des œuvres majeures de Khalili – The Tempest Society (La Société de la Tempête) (2017) et The Circle Project (Le Projet Cercle) (2023), installation mixte composée de The Circle (2023), installation vidéo synchronisée à deux canaux, d’une affiche murale intitulée A Timeline for a Constellation (Chronologie d’une constellation) (2023) et de l’installation cinématographique à cinq canaux sur moniteurs The Storytellers (Les Conteurs) (2023).
Cet ensemble d’œuvres reflète les recherches approfondies de Khalili sur le Mouvement des travailleurs arabes (MTA) et ses troupes de théâtre Al Assifa (« La Tempête », en arabe) et Al Halaka (« Le Cercle », en référence à la tradition du conteur public en Afrique du Nord). Le MTA était une organisation autonome pionnière dirigée par des travailleurs maghrébins dans les années 1970 en France, qui défendait l’égalité des droits. Le théâtre était au cœur de leur action militante et incarnait leur conception de la solidarité, rassemblant des travailleurs maghrébins et leurs alliés français.
Situé à Athènes, The Tempest Society s’appuie sur les expériences théâtrales d’Al Assifa et révèle leur actualité dans le contexte des crises humanitaire, sociale et économique qui ont marqué la capitale grecque en 2016. The Circle prolonge ce projet en tissant les liens entre les origines du MTA en 1973 à Paris et Marseille, ses troupes de théâtre, et la candidature d’un de leurs membres sans-papiers à l’élection présidentielle française en 1974. The Storytellers (2023) rassemble d’anciens membres d’Al Assifa et Al Halaka qui interprètent des parties de leur répertoire oral non archivé, cinquante ans après leur première représentation, offrant ainsi un espace de l’histoire passée dans le présent.
L’ensemble des œuvres de l’exposition propose une réflexion sur la notion d’appartenance, de collectif, entre communauté et subjectivité. Elles offrent une méditation sur la position du témoin face à l’histoire passée sous silence, sur la puissance de la fabulation collective incarnée par le conteur, et sur le montage filmique comme force de résurrection des histoires enfouies.
The Circle est co-produite et co-commandée par Sharjah Art Foundation, LUMA Foundation et le MACBA.
Commissaire d'exposition :
Vassilis Oikonomopoulos, Directeur des expositions et des programmes.
Bouchra Khalili
Bouchra Khalili est une artiste franco-marocaine. Elle a étudié le cinéma à la Sorbonne Nouvelle et est diplômée de l'École Nationale Supérieure d'Arts de Paris-Cergy. Son travail a fait l'objet de nombreuses expositions personnelles, dont récemment : Museum of Fine Arts, Boston (2019); Museum Folkwang (2018); Jeu de Paume, Paris (2018); Secession, Vienne (2018); Wexner Center for the Arts (2017); MoMa, Museum of Modern Art, New York (2016); Palais de Tokyo, Paris (2015); MACBA, Barcelona (2015); PAMM, Miami (2014-2013), parmi d'autres. Elle a participé à de nombreuses expositions internationales, telles que Documenta 14 (2017); Milano Triennale (2017); Telling Tales, Museum of Contemporary Art, Sydney (2016); The Future of History, Kunsthaus, Zurich (2015); Positions, Vanabbe Museum (2014); "Here & Elsewhere", New Museum, New York (2014); "The Encyclopedic Palace", 55ème Biennale de Venise (2013); "La Triennale", Palais de Tokyo, Paris (2012); 18ème Biennale de Sydney (2012); et la 10ème Bienale de Shariah (2011).