Né en 1929 à Accra, capitale de la colonie britannique de la Côte d’Or qui deviendra le Ghana après la proclamation d’indépendance en 1957, James Barnor commence sa carrière de photographe en 1947.
D’abord apprenti dans un petit studio de la ville qui appartient à son oncle, le jeune Barnor se lance comme portraitiste indépendant dès 1949. Naît alors son célèbre studio au nom évocateur, « Ever Young », qu’il installe en 1953 dans son local de Jamestown, l’un des quartiers les plus anciens de la ville où gravitent marchands et pêcheurs et où bouillonnent les premières manifestations pour l’indépendance. En parallèle, Barnor accompagne le développement de la presse illustrée dans le pays, en étant l’un des premiers photographes locaux à collaborer, dès 1951, avec le Daily Graphic, lancé par le Daily Mirror Group de Londres. Entre 1953 et 1957, il photographie ainsi à plusieurs reprises le leader de l’indépendance, KwameNkrumah.
En 1959, deux après l’indépendance, James Barnor se lance dans l’aventure diasporique, immigrant en Angleterre pour approfondir sa maîtrise du médium. Il y fait la découverte de la photographie couleur, qui émaille sa production dès 1961. Ses images sont publiées en couverture du magazine panafricain DRUM, qui s’est fait le porte-voix des luttes anti-apartheid en Afrique du Sud à partir de 1951, avant d’essaimer rapidement sur tout le continent à travers de multiples éditions régionales. Pour les unes de DRUM mettant en scène desjeunes femmes issues de la diaspora comme dans sa pratique personnelle, les photographies de Barnor capturent avec éloquence l’esprit du Swinging London. Barnor approfondit également ses connaissances techniques grâce à une formation au sein de l’université d’arts appliqués du Kent et à sa collaboration avec le plus grand laboratoire de photographie couleur du pays, le Colour Processing Laboratory.
En 1969, cette expertise lui vaut d’être contacté par Agfa-Gevaert pour devenir ambassadeur technique au Ghana, où la firme cherche à développer de nouveaux marchés. De retour à Accra, Barnor contribue à fonder le premier laboratoire couleur du pays et à diffuser les produits Agfa dans le sud du Ghana. En 1972, il ouvre son second atelier, le « Studio X23 », où il reprend son travail de mise en image des évolutions sociales qui traversent la capitale, alimentant une abondante galerie de portraits. Du documentaire social à la commande publicitaire en passant par la photographie gouvernementale sous le régime de Jerry Rawlings dans les années 1980, James Barnor est resté un témoin inlassable, jamais partisan, du mouvement de l’histoire nationale.
Les archives de James Barnor donnent accès à des mondes transversaux. De 1947 à la fin des années 1980, du Ghana à l’Europe, de la sphère privée à la sphère publique, les mondes de James Barnor fonctionnent en réseau et l’on bascule sans cesse et sans contradiction de l’un à l’autre. Le photographe, aujourd’hui âgé de 92 ans, vit à Londres et consacre l’essentiel de son temps à documenter ses archives et à superviser les projets d’exposition autour de ses images, dans un esprit de transmission.
Plusieurs fois exposée, son œuvre a inspiré une nouvelle génération d’artistes depuis 2010. Une importante rétrospective lui a été consacré à la Serpentine Gallery de Londres en 2021 et suit actuellement une itinérance au Museod’Arte della Svizzera Italiana (Lugano, Suisse) en 2022 puis au Detroit Institute of Arts (Michigan, États-Unis) en 2023.
Son œuvre est présente dans les collections institutionnelles majeures, à l’instar de celle du Musée national d’art moderne-Centre Pompidou ou du Museum of Modern Art (MoMA) de New York.