Etel Adnan

Etel Adnan est de ces rares artistes, écrivains et penseurs dont l’œuvre embrasse la pluralité de l’existence humaine. La puissance de sa pensée, qu’elle utilise des mots, ou des couleurs et des lignes, enthousiasme et surprend. Dans sa pratique, la subtilité et le raffinement des surfaces répondent parfaitement aux visions explosives qui les sous-tendent. Etel est de ces rares êtres humains à même d’exprimer, le plus clairement du monde, l’odeur de la terre après la pluie, la structure des nuages sous le soleil, le vent qui souffle sur les arbres, le mouvement des corps animés, les planètes et l’univers dans lequel nous vivons, la nature à laquelle nous appartenons. Sans penser au présent, au passé ou au futur, car elle ne se fie pas à ces notions, Etel nous invite à trouver un espace aussi universel qu’elle.

Je connais Etel à travers son art, ses écrits, ses peintures, ses dessins, ses poèmes. Je connais Etel à travers ses yeux, qui ne cessent de regarder les interstices, l’espace que les autres peinent à voir. Un jour, Etel m’a dit que ce que nous faisons, avec Luma, consiste à créer un phare pour la Méditerranée. Si LUMA est le phare, alors Etel en est certainement le feu, le feu qui éclaire l’espace et montre des directions. Un feu pour le voyage, pour la vision, pour la découverte, un feu au-dessus de la Terre, un feu qui illumine les cieux.

Etel joue un rôle important pour LUMA, car l’une de ses œuvres monumentales existera en permanence dans l’un de nos espaces au sein de la tour conçue par Frank Gehry. La proximité des montagnes libanaises, la brise chaude de la mer et les montagnes californiennes, dont l'énergie palpite avec tant d’éclat dans l’œuvre d’Etel, se rejoignent dans une peinture murale aux couleurs vives, caractéristique de sa pratique visionnaire de longue date.

Maja Hoffmann