Mata [Forêt/Tuer] (2020-2022) a été conçu au fur et à mesure, sans plan établi hormis un penchant pour les gouaches sur papier, avec des compositions librement inspirées des éléments de la flore et de la faune amazoniennes. Les lignes qui traversent le papier d’un bord à l’autre brossent de vastes champs de couleur schématiques dont le cadrage serré rogne les formes, rejetant ainsi la description technique attendue de l’illustration botanique. Toutes les images ont un fond peint en noir, élément qui renforce la luminosité des couleurs utilisées par l’artiste et agit comme une métaphore de l’incertitude et de l’obscurité qui caractérisent le temps présent.
Alice Shintani
Alice Shintani (1971, São Paulo) explore l’une des intersections les plus subtiles qui existent entre l’art et le quotidien. Son travail ne commente pas l’actualité, ni ne s’impose dans le tissu urbain comme un monument inerte, mais traite plutôt des expériences intimes des affections et de la violence quotidiennes qui se trouvent contrebalancées par le processus graduel de la création impliquant couleurs, formes et lumière. Après avoir étudié et travaillé dans le domaine de l’ingénierie informatique, Shintani a aiguillé sa pratique vers les arts au milieu des années 2000. Elle se garde toutefois de conformer sa production aux cadres et aux structures du circuit artistique établi. Si une grande partie de son œuvre peut être qualifiée de peinture, elle se nourrit malgré tout d’expériences directes avec l’environnement urbain et les événements sociétaux, tout en expérimentant des moyens de circuler dans des contextes variés et parmi des publics moins familiers de la liturgie des espaces d’exposition.