En 1973, pendant la guerre du Kippour, Eshkol abandonne la danse pour réaliser ses Tapis muraux. Cette œuvre est réalisée uniquement avec des matériaux réutilisés, jamais achetés : l’artiste récupère des vêtements et des chiffons usagés, et les tapis sont cousus avec l’aide de ses danseurs. Ces compositions oscillent entre abstractions et natures mortes. Dans La Maison de Bernarda Alba (Vierge) (1978), par exemple, un arrangement de couleurs claires entoure un carré de tissu vert. Le titre fait allusion à la pièce de théâtre du même nom de Federico García Lorca, dans laquelle des tensions croissantes se font jour entre une mère manipulatrice et ses cinq filles. Dans la composition, le carré représente une sorte de fenêtre, suggérant une échappatoire possible au régime répressif de la maison.
Noa Eshkol
Artiste, chorégraphe, danseuse et professeure
© National Library of Israel
Noa Eshkol (1924, Palestine - 2007, Israël) était une artiste, chorégraphe, danseuse et professeure. Dans les années 1950, avec l’architecte Avraham Wachman, Eshkol élabore un système de notation du mouvement (Eshkol Wachman Movement Notation, EWMN) qui recourt à une combinaison de symboles et de chiffres pour noter les mouvements du corps et les organiser en catégories pouvant être étudiées et répétées. Eshkol a monté plusieurs chorégraphies à l’aide du système EWMN, où, sans dépendre de la musique ni du costume, la danse devient un processus d’interaction entre les corps dans l’espace et une activité communautaire. L’EWMN transcende ainsi le domaine de la danse et se révèle un outil d’observation de la relation entre tout corps et son environnement pouvant s’appliquer à divers domaines, y compris l’étude du langage et du comportement.